Grimper en posant ses propres protections, au gré des anfractuosités offertes par le rocher

Le trad’, ou escalade traditionnelle est l’une des pratiques les plus pures de l’escalade en terrain d’aventure. Le trad’ concilie les exigences de l’escalade libre avec le respect de l’éthique anglo-saxonne selon laquelle seules des protections amovibles doivent être employées, de manière à ne pas dénaturer sites et voies en posant des ancrages permanents, disposés au beau milieu des zones compactes de la roche.
Hérité de l’alpinisme, le trad’ conserve aujourd’hui auprès du grand public grimpant une image élitiste, dûe aux compétences techniques qu’il nécessite en matière de protection, et surtout à l’imaginaire de dangerosité associé à tort au fait de poser ses propres protections et d’être amené à chuter dessus.
Pourtant, tant en matière de facilité de formation que d’assurance de sécurité, le trad’ n’a pas grand chose à envier à l’escalade sportive. Quoi de plus ludique et accessible en effet que l’apprentissage de l’escalade trad’, lors d’un stage ou d’une série de stages à Annot, au Caroux, ou dans le Vercors à Presles, pour s’initier tout à la fois à un matériel et à un terrain spécifique, en découvrant des falaises de niveau abordable ? Une expérience qui peut être sportive, contemplative ou très technique, selon vos attentes. Apprendre à grimper en style traditionnel se fait idéalement avec un guide passionné du sujet, ce qui est notre cas, comme vous l’aviez deviné…

Autrefois caractéristique de la montagne et d’un milieu où la pose d’un équipement permanent n’était pas envisageable, l’escalade traditionnelle connaît aujourd’hui un important renouveau. Celui-ci est dû à l’engouement suscité par l’imaginaire de liberté qui accompagne le trad, ainsi que par le caractère sauvage associé au terrain d’aventure.
Le trad’ suit une logique spécifique, qui diffère de celle de l’escalade “spitée” (“bolted” disent les anglophones). La protection amovible impose un cheminement guidé par les lignes de faiblesse du rocher : seules les failles et anfractuosités naturelles permettent d’y nicher des coinceurs, friends ou autres joujoux dans lesquels clipper sa corde. Par conséquent, les voies suivent les fissures et autres sinuosités creuses offertes par la roche. Elles se détournent naturellement des bombés et boucliers compacts que les virtuoses du perfo rêvent de parcourir.

Pour le grimpeur habitué à s’orienter sur le rocher au gré des points (broches ou goujons) fixés à demeure dans le rocher, puis à atteindre un rassurant relais chaîné ou aisément reliable au moyen d’une sangle, l’hétérogénéité (ou l’absence pure) d’équipement caractérisant le terrain d’aventure est à la fois déstabilisante et excitante. Une falaise sauvage, vierge d’ancrages, évoque un imaginaire de liberté et de créativité : libre à chacun de se protéger ou non, ici ou plus loin, dans cette fissure ou dans le prochain trou. La satisfaction que procure un coinceur astucieusement placé, ou d’un relais triangulé vaut probablement celle qu’on éprouve en arrivant en haut de très belles longueurs équipées.

Les pratiquants et spécialistes considèrent que certaines roches se prêtent mieux que d’autres à la pose de protections amovibles. Au premier rang des roches propices : granit et gneiss, mais également grès. La granularité, grossière ou fine, de ces roches facilite l’adhérence du coinceur (câblé ou friend) fixé dans une faille par un mécanisme d’expansion.
Au contraire, il sera plus délicat pour le grimpeur de se protéger dans une roche fragile ou lisse, dans laquelle un coinceur mécanique pourrait glisser, jaillir, ou casser un bout de roche. Il est clairement plus technique de se protéger dans une ascension alpine à Chamonix que dans les gorges du Verdon (sauf peut-être dans une ou deux fissures emblématiques comme la Ula ou l’Estamporanée).

Les techniques propres au terrain d’aventure sont pour les plus basiques transposables à d’autres activités d’exploration dans la nature, telles que le ski de randonnée, la spéléologie ou l’alpinisme. Confectionner un relais sur un arbre ou à l’aide d’une lunule ou d’un becquet ; exploiter les formes du relief pour se protéger, soi et les autres participants, cela fait appel au bon sens, à l’inventivité, et à une lecture fine du terrain de progression.

Placer un coinceur ou un friend nécessite un patient apprentissage et surtout une pratique renouvelée : ni trop profond ni trop au bord, ni trop fin ni trop large, dans telle faille depuis telle extrémité, et selon telle orientation, le choix de telle protection plutôt que telle autre, etc.

Ce à quoi il faut ajouter le choix de l’itinéraire, la gestion du tirage, l’emplacement des relais et la protection des compagnons de cordée, … et l’évaluation de la résistance de la roche !
Autrement dit un autre sport. Au départ d’une longueur, on se charge de sangles de différentes longueurs, de dégaines (dont la plupart rallongeables), de coinceurs (ou câblés), éventuellement d’excentriques, de friends de toutes tailles, éventuellement de ball-nuts, voire de pitons et marteau… Autant dire qu’on prévoira une certaine marge dans le choix de la difficulté de sa voie, que l’on parcourera lesté, et en consacrant probablement plus d’énergie à se protéger, choisir ses prises et ne pas se perdre qu’à purement escalader.

Initiation au trad' et à la pose de coinceurs

Pour apprendre les rudiments de la progression et de la pose de protections éphémères en terrain d’aventure.


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