Une escalade ludique, émotionnelle, où tous les coups sont permis… L’escalade artificielle requiert une âme de bricoleur et une précision d’orfèvre ! Cette discipline, bien que diamétralement opposée à l’escalade libre, a ses propres règles éthiques, son histoire, son échelle de cotation et ses exploits…
L’escalade artificielle est née de la nécessité pragmatique de triompher de certains passages infranchissables en alpinisme rocheux. Certaines parois ont en effet comporté quelques dizaines de mètres sans ligne de faiblesse exploitable, qui ne permettaient pas une escalade aisée et (semi) libre. Alors, les premiers conquérants ont déployé toute leur ingéniosité et une batterie d’outils de plus en plus riche pour venir à bout de ces impasses. Il y eut d’abord les coins de bois, puis des pitons de toutes formes, cornières, d’acier dur ou mou, plombs, becs d’oiseaux, ballnuts, câblés, friends, crochets goutte d’eau, etc. Peu à peu, une discipline propre naquit de ce défi : vaincre les murs les plus complexes, compacts et lisses, à l’aide de cet attirail multiforme. Et le jeu, absurde et effrayant s’il en est, consista à réduire au maximum les ancrages permanents (goujons, spits ou même pitons).
Que le grimpeur moderne, adepte exclusif de l’escalade libre, se détrompe. L’artif’ est bien vivant, et il en fera encore trembler plus d’un ! Quiconque a déjà tenté, au comble du désespoir, de s’alléger par la pensée, suspendu à un dérisoire crochet goutte d’eau déversant sur la rive d’une aspérité bouchée, au-dessus d’une série de coinceurs faméliques, sait de quoi il retourne… le frisson du sacré.